Le devoir conjugal est un sujet délicat qui peut affecter profondément la relation de couple. Pourtant, il est rarement abordé ouvertement. Obligation légale jusqu’en 1990, le devoir conjugal est aujourd’hui perçu différemment. Cependant, les mentalités évoluent lentement et l’équilibre intime reste fragile.
L’harmonie sexuelle est essentielle au bien-être d’un couple. Le rejet peut générer frustrations et conflits. À l’inverse, le consentement ne suffit pas : il faut du désir partagé. Comment alors concilier les besoins et envies de chacun avec respect et communication ?
Cet article explore l’impact du devoir conjugal sur la relation. Il fournit des pistes pour instaurer un dialogue serein sur ce sujet tabou, afin de retrouver complicité et épanouissement.
Qu’est-ce que le devoir conjugal ?
L’obligation maritale est une notion délicate qui renvoie aux obligations sexuelles au sein du couple marié. Longtemps perçu comme un droit du conjoint, le devoir conjugal a évolué avec les mœurs, mais reste encore tabou.
Définition et origine du concept
Le devoir conjugal désigne l’obligation pour les époux de se soumettre l’un à l’autre pour les relations sexuelles. Cette notion juridique trouve ses racines dans le droit canonique et le Code Napoléon de 1804, qui codifiait les devoirs respectifs des époux.
Obligation légale jusqu’en 1990
Jusqu’en 1990, le devoir conjugal était inscrit dans la loi française. L’article 215 du Code civil disposait que les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance. La jurisprudence interprétait cette disposition comme imposant à chacun des époux de satisfaire les demandes sexuelles de l’autre, sauf motif légitime.
Cette obligation a été supprimée en 1990, reconnaissant l’autonomie de chaque conjoint. Le viol entre époux a également été reconnu. Cependant, les mentalités ont mis du temps à évoluer.
Perception actuelle du devoir conjugal
Aujourd’hui, la perception du devoir conjugal a évolué, du fait de l’émancipation de la femme et de l’évolution des mœurs. L’idée d’un droit au corps de l’autre est rejetée. Le consentement libre et mutuel est essentiel.
Cependant, des injonctions à la sexualité dans le couple persistent. Certains conjoints se sentent encore obligés d’accéder aux demandes de l’autre pour « faire leur devoir ». Cette perception du devoir conjugal peut générer frustrations et conflits.
La relation conjugale est donc une notion complexe, entre obligation morale, pression sociale et désir mutuel. Instaurer un dialogue respectueux sur les attentes de chaque conjoint est essentiel pour trouver un équilibre.
En quoi consiste le devoir conjugal ?
Le devoir conjugal renvoie à des obligations et des attentes concernant la sexualité au sein du couple. Mais quelles sont précisément ces attentes, entre obligation de moyens et obligation de résultat ? Le consentement suffit-il ou faut-il du désir ?
Attentes concernant la fréquence des rapports
Traditionnellement, le devoir conjugal impliquait des rapports sexuels fréquents, en particulier pour procréer. Aujourd’hui, la fréquence souhaitable est source de nombreuses interrogations. Combien de rapports par semaine ? Doit-on répondre à chaque demande ?
Ces questions révèlent les injonctions persistantes à une sexualité régulière dans le couple. Pourtant, chaque personne est unique. Le désir et la libido fluctuent. Imposer une fréquence uniforme néglige le ressenti de chacun.
Le dialogue, sans tabou ni jugement, est essentiel pour comprendre les besoins spécifiques de chaque conjoint. L’important est de trouver un rythme qui convienne aux deux.
Notion de consentement vs désir
Le devoir conjugal suppose traditionnellement que l’un des conjoints consente aux avances de l’autre. Mais le simple consentement ne reflète pas forcément le désir.
Or, la sexualité épanouie nécessite l’envie partagée des deux partenaires. Subir des rapports par devoir mène souvent à terme à la frustration.
Le désir naît de l’écoute mutuelle, du respect du rythme de chacun, et d’une sexualité où la recherche du plaisir de l’autre compte autant que le sien.
Retrouver complicité et désir demande du temps et des échanges. Mais ce cheminement permet de dépasser la notion de devoir, pour une sexualité épanouissante.
Quel est l’impact du refus du devoir conjugal ?
Le refus répété de l’engagement intime peut avoir des répercussions importantes sur la relation. Frustrations, tensions, dévalorisation : un cercle vicieux risque de s’installer si le dialogue fait défaut.
Frustrations et conflits au sein du couple
Lorsqu’un des conjoints refuse de façon persistante les avances de l’autre, des frustrations émergent. Le conjoint éconduit peut se sentir rejeté, incompris. Cela génère des tensions, des reproches, des disputes.
Le déséquilibre des désirs et le manque de communication autour de cette différence d’appétence sexuelle peuvent mener à terme à l’installation d’une crise conjugale. Renouer le dialogue est essentiel.
Conséquences sur l’estime de soi
Être refusé intimément de manière répétée peut grandement affecter l’estime de soi du conjoint éconduit. Sentiment de ne pas être désirable, mise en doute de sa valeur, perte de confiance en soi…
Ces conséquences psychologiques rendent d’autant plus difficile l’expression de ses besoins. Or, oser en parler, avec empathie et sans accuser l’autre, est nécessaire pour retrouver complicité.
Le devoir conjugal ne doit pas rimer avec souffrance. Le respect des envies de chacun et le dialogue permettent de désamorcer les tensions. En cas de blocage, un accompagnement thérapeutique peut aider.
Comment instaurer un dialogue serein sur le désir ?
Parler sereinement de sexualité et de désir dans le couple n’est pas toujours aisé. Pourtant, le dialogue est la clé pour dépasser ensemble les injonctions liées au devoir conjugal.
Créer un climat de confiance et d’écoute
Un climat de confiance, sans jugement ni reproches, est nécessaire pour oser aborder ce sujet intime. Prendre le temps d’échanger dans un contexte calme et bienveillant. S’écouter avec empathie et se rappeler la volonté commune de se comprendre.
Cultiver la tendresse et les marques d’affection, en dehors de la sexualité, renforce le sentiment de sécurité propice aux échanges. Accueillir les confidences de l’autre avec respect permet de créer une complicité.
Exprimer ses besoins et attentes respectueusement
Une fois un climat de confiance établi, il est possible d’exprimer ses besoins et ressentis de manière constructive. Eviter reproches ou accusations, qui braquent l’autre. Préférer les messages en « je », qui invitent à l’écoute.
Parler de soi avec authenticité et fragilité, plutôt que de juger l’autre. Expliquer ce que l’on ressent, physiquement et émotionnellement. Demander à l’autre d’exprimer aussi ses désirs. Écouter, résumer, sans interpréter.
Ainsi, un dialogue respectueux et bienveillant peut s’instaurer pour se comprendre sur l’intimité, au-delà des tabous.
Quels sont les ingrédients d’une sexualité épanouie ?
Une sexualité épanouie permet de dépasser la notion de responsabilité affective pour retrouver le plaisir partagé. Mais comment créer les conditions propices à ce bien-être intime ?
Communication, respect et complicité
La communication est la base. Oser exprimer ses envies et écouter celles de l’autre avec empathie et sans jugement. Se comprendre et se respecter mutuellement.
Cultiver la tendresse, l’affection et la complicité dans le couple favorise le désir. Les gestes de tendresse, les attentions, les regards complices tissent un lien sensuel en dehors de la sexualité.
Prendre soin de son couple au quotidien renforce l’intimité. Rires, échanges, loisirs partagés… autant de façons de nourrir la complicité.
Lâcher prise et spontanéité
Lâcher la pression de la performance est important pour savourer l’instant présent. Moins se focaliser sur l’objectif de l’orgasme que sur le cheminement des sens.
Oser explorer de nouvelles pratiques, se surprendre mutuellement. S’autoriser à rire au lit désacralise l’acte. Suivre l’inspiration du moment, de façon spontanée.
La confiance et l’écoute de soi permettent de lâcher prise. Une sexualité épanouie se cultive avec patience et bienveillance. Le plaisir partagé en est la plus belle récompense.
Le devoir conjugal est-il source de violences conjugales ?
La notion de devoir conjugal peut également être problématique car elle facilite les dérives et légitime certaines violences au sein du couple.
L’obligation sexuelle envers son conjoint, même inscrite dans la loi jusqu’en 1990, a longtemps fait obstacle à la reconnaissance des violences conjugales. Le viol entre époux n’a été reconnu qu’en 1980 en France.
Aujourd’hui encore, certains comportements abusifs peuvent être minimalisés ou excusés au nom de cette conception du devoir conjugal. Pourtant, aucune obligation ne justifie les violences, physiques ou psychologiques.
La relation conjugale ne doit pas devenir un moyen de pression, de chantage ou de contrainte. Lorsqu’il y a manipulation, harcèlement, injonctions, le consentement est vicié et les limites de l’autre bafouées.
Renoncer à cette notion dépassée est nécessaire pour que s’impose le principe fondamental du plein consentement mutuel et du respect. La sexualité conjugale ne saurait être un dû, mais doit rester un plaisir partagé.
Comment surmonter les difficultés liées au devoir conjugal ?
Lorsque le devoir conjugal devient source de tensions, il est possible d’agir pour renouer le dialogue et retrouver complicité. Consulter un professionnel ou renouer progressivement l’intimité peuvent aider.
Consulter un thérapeute de couple
En cas de blocage, de refus persistant ou de crise, consulter un thérapeute de couple s’avère pertinent. Ce professionnel permet, en toute neutralité, d’exprimer ses ressentis et d’être écouté.
Grâce à des techniques spécifiques, le thérapeute accompagne les conjoints à renouer le dialogue, se comprendre et dépasser les rancœurs. Il les guide vers plus de tendresse et de complicité.
S’adjoindre les services d’un expert permet de rompre un cercle vicieux et d’apaiser les tensions. Le couple retrouve un terrain d’entente.
Renouer l’intimité progressivement
Même sans thérapie, il est possible de restaurer la complicité petit à petit. Recommencer par de simples marques d’affection et gestes tendres, sans obligation d’aller plus loin.
Se reconnecter par des baisers, des massages, en prenant des bains ensemble… Renouer le dialogue sur ses sentiments. Apprendre à redevenir intimes sans pression.
En y allant progressivement et en communiquant, la confiance revient. Le couple réapprend à partager des moments sensuels, au-delà de la notion de devoir, pour le simple plaisir d’être ensemble.
Vers une intimité conjugale épanouie et consentie
La notion de devoir conjugal évolue avec notre société, laissant place à une vision plus équilibrée et respectueuse de l’intimité dans le couple. L’épanouissement sexuel repose avant tout sur le consentement mutuel, le dialogue et le respect des désirs et limites de chacun.
Il est essentiel de comprendre que l’harmonie conjugale ne se mesure pas à la fréquence des rapports intimes, mais plutôt à la qualité de la communication et au respect mutuel qui existe entre les partenaires. Chaque couple doit pouvoir définir son propre équilibre, sans pression ni obligation.
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FAQ.
Le devoir conjugal est-il toujours d’actualité ?
Bien que supprimé des textes de loi depuis 1990, le devoir conjugal persiste dans les mentalités comme une obligation morale.
Le consentement mutuel suffit-il dans le couple ?
Non, le désir partagé est essentiel à l’épanouissement sexuel du couple.
Comment instaurer un dialogue serein sur la sexualité ?
En créant un climat de confiance et de bienveillance, sans jugement, pour oser s’exprimer authentiquement.
Quelles sont les conséquences du refus du devoir conjugal ?
Cela peut créer des frustrations, tensions et mettre à mal l’estime de soi du conjoint éconduit.
Comment retrouver la complicité dans le couple ?
Par le dialogue, les marques de tendresse, en prenant soin de son couple au quotidien.
Le devoir conjugal est-il source de violences conjugales ?
Oui, l’obligation sexuelle dans le couple facilite les dérives et les violences.
Comment renouer une intimité apaisée ?
Progressivement, sans pression, en revenant d’abord aux marques d’affection et à la communication.
Faut-il consulter en cas de blocage lié au devoir conjugal ?
Oui, un accompagnement thérapeutique de couple peut aider à résoudre cette problématique.