La prééclampsie sévère est une complication grave de la grossesse qui peut avoir de lourdes conséquences sur la santé de la mère et du bébé.
Cette pathologie, caractérisée par une hypertension artérielle et une protéinurie, touche environ 1 à 2% des femmes enceintes. Bien que les causes exactes soient encore mal comprises, certains facteurs de risque ont été identifiés.
Il est donc crucial de repérer les femmes à risque le plus tôt possible pendant la grossesse. Des mesures préventives peuvent alors être mises en place pour tenter de prévenir l’apparition de cette maladie ou en limiter la sévérité.
Cet article examine plus en détails les moyens de prévention actuels et les pistes de recherche prometteuses pour mieux prévenir et prendre en charge cette complication redoutable de la grossesse.
Qu’est-ce que la prééclampsie ?
La prééclampsie est une complication grave de la grossesse qui apparaît généralement après 20 semaines d’aménorrhée. Elle est caractérisée par l’association d’une hypertension artérielle et d’une protéinurie (présence anormale de protéines dans les urines).
Définition de la prééclampsie
La prééclampsie se définit par :
- Une tension artérielle systolique supérieure ou égale à 14/9 mmHg mesurée à deux reprises à au moins 4 heures d’intervalle
- Et une protéinurie supérieure ou égale à 0,3 g/24h ou ≥ 1 croix à la bandelette urinaire
Ces deux signes doivent apparaître après 20 semaines d’aménorrhée (absente des règles) chez une femme normotendue (qui n’avait pas d’hypertension) avant sa grossesse.
On parle de prééclampsie sévère lorsqu’une hypertension sévère s’associe à des troubles visuels, des maux de tête intenses ou des douleurs épigastriques (au niveau de l’estomac).
Symptômes de la prééclampsie sévère
Les principaux symptômes de la prééclampsie sévère sont :
- Une tension artérielle très élevée (≥ 160/110 mmHg)
- Des maux de tête intenses
- Des troubles visuels (vision floue, photophobie)
- Des douleurs dans la partie supérieure de l’abdomen
- Un œdème important au niveau du visage et des mains
La prééclampsie sévère est une urgence médicale qui nécessite une prise en charge rapide, car elle peut évoluer vers une éclampsie avec convulsions et coma, mettant en jeu le pronostic vital de la mère et du bébé.
Quelles sont les causes et facteurs de risque de la prééclampsie sévère ?
Bien que les mécanismes exacts à l’origine de la prééclampsie ne soient pas totalement élucidés, certains facteurs de risque ont pu être identifiés.
Causes de la maladie
Les principales hypothèses sur les causes de la prééclampsie sévère sont :
- Un défaut d’implantation du placenta qui entraîne un mauvais remodelage des artères utérines
- Une réponse inflammatoire excessive de l’organisme maternel
- Un déséquilibre entre les facteurs pro-angiogéniques et anti-angiogéniques
- Un stress oxydatif placentaire
- Une susceptibilité génétique
Ces différents mécanismes aboutissent à des lésions endothéliales, à une activation de la coagulation et à des anomalies de la perfusion placentaire.
Facteurs de risque identifiés
Certains facteurs de risque de la prééclampsie sévère ont été clairement identifiés :
- Première grossesse
- Antécédent de prééclampsie
- Âge maternel supérieur à 40 ans
- Intervalle entre deux grossesses supérieur à 10 ans
- Antécédent de maladie rénale
- Diabète préexistant
- Surpoids et obésité
- Grossesse multiple
- Maladie auto-immune
La présence de plusieurs de ces facteurs de risque majore le risque de développer une prééclampsie pendant la grossesse. Un suivi précoce et rapproché est alors essentiel.
Quelles sont les conséquences de la prééclampsie sévère ?
La prééclampsie sévère peut avoir des répercussions graves, à la fois pour la mère et pour l’enfant.
Conséquences sur la mère
Chez la mère, la prééclampsie sévère augmente les risques de :
- HELLP syndrome : atteinte des globules rouges, du foie et des plaquettes
- Éclampsie : convulsions pouvant entraîner un coma
- Hématome rétro-placentaire : décollement du placenta
- Insuffisance rénale aiguë
- Œdème aigu du poumon
- Coagulation intravasculaire disséminée
- Hémorragie cérébrale
Dans les cas les plus sévères, la prééclampsie peut mettre en jeu le pronostic vital de la mère.
Conséquences sur l’enfant
Pour le fœtus, la prééclampsie maternelle augmente le risque de :
- Retard de croissance intra-utérin
- Souffrance fœtale aiguë
- Mort fœtale in utero
- Naissance prématurée
Le nouveau-né peut également présenter des complications néonatales sévères.
Un dépistage précoce et une prise en charge rapide de la prééclampsie sévère sont donc essentiels pour limiter ces complications gravissimes.
Comment prévenir la prééclampsie sévère pendant la grossesse ?
Bien qu’il n’existe pas de moyen garantissant la prévention totale de la prééclampsie, certaines mesures peuvent réduire le risque de survenue de cette pathologie chez les femmes à risque.
Mesures préventives chez les femmes à risque
Chez les femmes présentant des facteurs de risque de Complication hypertensive majeure de la grossesse, les mesures suivantes sont recommandées :
- Prise d’aspirine à faible dose dès le début de la grossesse
- Supplémentation en calcium si carence
- Régime alimentaire équilibré et exercice physique régulier
- Contrôle rigoureux de la tension artérielle et de la protéinurie
- Surveillance accrue en cas de surpoids, diabète ou maladie rénale
Suivi médical renforcé
D’une manière générale, toutes les femmes enceintes doivent bénéficier d’une surveillance médicale régulière comprenant :
- Mesure de la tension artérielle à chaque consultation prénatale
- Dépistage protéinurie à partir du 6ème mois
- Échographie et doppler utérin au 3ème trimestre
- Information sur les signes d’alerte à surveiller
Ce suivi prénatal optimal permet de dépister rapidement l’apparition des premiers signes évocateurs du Syndrome hypertensif sévère gestationnel et de prendre en charge la patiente de manière précoce.
Comment diagnostiquer la prééclampsie sévère ?
Le diagnostic de prééclampsie repose sur un faisceau d’arguments cliniques et paracliniques.
Examens médicaux
Plusieurs examens sont réalisés pour diagnostiquer une prééclampsie sévère:
- Mesure de la tension artérielle
- Recherche de protéines dans les urines (protéinurie)
- NFS-plaquettes sanguines
- Bilan hépatique (transaminases)
- Échographie obstétricale
Ces examens permettent de quantifier l’hypertension artérielle, de dépister une atteinte rénale et hépatique, et d’évaluer le bien-être fœtal.
Critères diagnostiques
Le diagnostic de prééclampsie est retenu devant :
- Une hypertension artérielle supérieure à 140/90 mmHg après 20 semaines d’aménorrhée
- Et une protéinurie > 0,3 g/24h ou ≥ 1 croix à la bandelette urinaire
L’association de ces 2 critères, chez une femme auparavant normotendue, est caractéristique du diagnostic de prééclampsie.
La prééclampsie est dite sévère en cas d’hypertension sévère ou de signes de gravité tels que céphalées, troubles visuels, douleurs épigastriques.
Quels sont les traitements de la prééclampsie sévère ?
La prise en charge de la prééclampsie sévère vise à contrôler l’hypertension artérielle et à prévenir les complications éclamptiques et hémorragiques.
Traitements médicamenteux
Différents traitements médicamenteux peuvent être utilisés:
- Antihypertenseurs pour contrôler la tension artérielle
- Sulfate de magnésium en prévention de l’éclampsie
- Corticoïdes pour accélérer la maturation pulmonaire fœtale
- Traitements anticoagulants si thrombopénie sévère
Ces traitements visent à prévenir et limiter les complications maternelles et fœtales.
Accouchement prématuré
En cas de prééclampsie sévère, l’accouchement prématuré est souvent nécessaire pour sauvegarder la santé de la mère et de l’enfant.
L’âge gestationnel, les conditions cervicales, et l’état fœtal guident le choix entre déclenchement du travail ou césarienne.
L’accouchement permet l’arrêt de la progression de la maladie et la guérison de la patiente.
Quelles sont les pistes de recherche pour mieux prévenir la prééclampsie ?
De nombreuses recherches sont en cours pour améliorer la prévention de la prééclampsie.
Nouveaux biomarqueurs
L’identification de nouveaux biomarqueurs circulants permettrait un dépistage plus précoce des patientes à risque de développer une prééclampsie.
Certains marqueurs biochimiques ou biophysiques mesurés au 1er trimestre ou début du 2nd trimestre semblent prometteurs. Leur utilisation en association pourrait améliorer les performances du dépistage.
Thérapies anti-angiogéniques
Des recherches portent sur des traitements médicamenteux ciblant le déséquilibre des facteurs angiogéniques impliqués dans la physiopathologie de la prééclampsie.
L’administration précoce chez les femmes à haut risque de médicaments anti-angiogéniques pourrait permettre de prévenir l’apparition de la maladie. Les résultats des essais cliniques sont encore préliminaires mais encourageants.
D’autres pistes sont également à l’étude comme l’aspirine à bas dosage, ou encore des stratégies nutritionnelles et d’activité physique.
Comment limiter les risques de prééclampsie lors d’une prochaine grossesse ?
Les femmes ayant présenté une Hypertension gravidique sévère ont un risque accru de récidive lors d’une grossesse ultérieure. Certaines mesures sont recommandées pour réduire ce risque.
Suivi précoce et rapproché
Un suivi prénatal précoce et rigoureux est instauré dès le début de la grossesse avec :
- Consultations mensuelles jusqu’à 28 SA puis bimensuelles
- Surveillance régulière de la tension artérielle
- Dépistage protéinurie à chaque consultation
- Échographie et doppler utérin au 2ème trimestre
Ce suivi permet de dépister rapidement une hypertension gravidique ou des signes évocateurs de prééclampsie.
Traitements préventifs
Un traitement préventif par aspirine à faible dosage peut être instauré avant 16 SA.
Une supplémentation en calcium est également recommandée en cas de carence.
Ces mesures préventives diminuent le risque de récidive de prééclampsie lors d’une grossesse ultérieure.
Comment améliorer la prise en charge des femmes atteintes de prééclampsie sévère ?
La prise en charge optimale de la prééclampsie sévère nécessite à la fois une meilleure information des femmes enceintes et une formation adéquate des professionnels de santé.
Meilleure information des femmes enceintes
Les femmes doivent être sensibilisées aux signes évocateurs de prééclampsie : céphalées, troubles visuels, douleurs abdominales, œdèmes. Elles doivent consulter immédiatement si ces symptômes apparaissent.
Une information claire doit leur être délivrée sur les facteurs de risque, les mesures préventives recommandées et l’importance d’un suivi prénatal régulier.
Formation des professionnels de santé
Les professionnels de santé doivent être formés aux recommandations actualisées concernant le dépistage, la prévention et la prise en charge de la prééclampsie sévère.
Ils doivent savoir diagnostiquer précocement la maladie, identifier les formes sévères, et connaître les modalités de surveillance maternelle et fœtale adaptées.
Des formations régulières sont nécessaires pour améliorer leurs pratiques et in fine la santé des femmes atteintes de cette pathologie.
Quel est le pronostic de la prééclampsie après l’accouchement ?
Dans la majorité des cas, la prééclampsie régresse dans les jours qui suivent l’accouchement. Cependant, une surveillance maternelle reste nécessaire dans le post-partum.
Régression rapide des signes
Après l’accouchement, l’hypertension et la protéinurie liées à la prééclampsie sévère régressent habituellement en quelques jours.
La tension artérielle revient à la normale, de même que les taux sanguins de plaquettes et de transaminases.
Surveillance prolongée parfois nécessaire
Cependant, dans certains cas sévères, une surveillance rapprochée peut être maintenue pendant plusieurs semaines en raison du risque d’éclampsie, d’insuffisance rénale ou d’hématome rétro-placentaire.
Une prise en charge pluridisciplinaire en maternité est alors instaurée avec contrôle tensionnel, bilans biologiques, et traitements antihypertenseurs si besoin.
Le retour à domicile n’est autorisé qu’une fois la prééclampsie totalement résorbée.
Quels sont les effets à long terme d’un antécédent de prééclampsie sévère ?
Bien que la prééclampsie soit une maladie transitoire de la grossesse, elle peut avoir des conséquences à long terme sur la santé des femmes.
Risque cardiovasculaire augmenté
Les femmes ayant présenté une prééclampsie ont un risque cardiovasculaire accru à distance de la grossesse.
Elles sont plus à risque de développer une hypertension artérielle, un accident vasculaire cérébral, ou une cardiopathie ischémique.
Un suivi médical régulier est recommandé pour dépister et traiter d’éventuelles complications.
Risque rénal et métabolique
La Toxémie gravidique avancée majore également le risque d’atteinte rénale à long terme, d’insuffisance rénale chronique, et de diabète de type 2.
Une surveillance de la fonction rénale et de l’équilibre glycémique est donc essentielle chez ces patientes.
Des mesures hygiéno-diététiques et un traitement précoce des facteurs de risque cardio-rénal doivent être instaurés.
Conclusion
La prééclampsie sévère est une complication graves de la grossesse qui met en jeu le pronostic maternel et fœtal. Causée par un dysfonctionnement placentaire, elle associe une hypertension et une protéinurie.
Importance du dépistage précoce
Le dépistage précoce des patientes à risque permet la mise en place de mesures préventives : aspirine à faible dose, contrôle tensionnel rapproché, supplémentation en calcium si besoin. Un suivi prénatal régulier avec recherche des signes d’appel de prééclampsie est capital.
Prise en charge multidisciplinaire
Le traitement repose sur une prise en charge multidisciplinaire : traitements antihypertenseurs, prévention de l’éclampsie, corticothérapie, et accouchement prématuré si nécessaire.
Optimisation de la prévention et de la recherche
Les perspectives d’amélioration résident dans l’optimisation de la prévention chez les femmes à risque, l’identification de nouveaux biomarqueurs précoces, et l’évaluation de traitements médicamenteux innovants.
Une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques est nécessaire pour faire reculer cette cause majeure de morbi-mortalité maternelle et périnatale.
FAQ.
Quels sont les premiers signes de la prééclampsie sévère ?
Les premiers signes sont l’apparition d’une hypertension artérielle, de maux de tête intenses, de troubles visuels ou de douleurs abdominales après 20 semaines d’aménorrhée.
À partir de quand parle-t-on de prééclampsie sévère ?
On parle de prééclampsie sévère lorsque la tension artérielle dépasse 160/110 mmHg et s’associe à des signes de gravité tels que céphalées, troubles visuels ou douleurs épigastriques.
Quels sont les risques de la prééclampsie sévère pour le bébé ?
Les risques pour le bébé sont le retard de croissance intra-utérin, la souffrance fœtale aiguë, la mort in utero et la prématurité.
La prééclampsie sévère disparaît-elle après l’accouchement ?
Dans la majorité des cas, la prééclampsie régresse dans les jours suivant l’accouchement. Mais une surveillance rapprochée reste parfois nécessaire.
Peut-on prévenir la survenue d’une prééclampsie sévère ?
Oui, par un dépistage précoce des femmes à risque et la mise en place de mesures préventives (aspirine, calcium, surveillance rapprochée).
Quels médicaments donne-t-on en cas de prééclampsie sévère ?
On donne des antihypertenseurs, du sulfate de magnésium pour prévenir les convulsions, et des corticoïdes pour accélérer la maturation pulmonaire du bébé.
La prééclampsie sévère augmente-t-elle les risques cardiovasculaires ?
Oui, les femmes ayant eu une prééclampsie sévère ont plus de risque de développer une hypertension artérielle ou un accident vasculaire cérébral.
Combien de temps dure la prééclampsie sévère ?
Elle dure le temps de la grossesse et disparaît en quelques jours après l’accouchement dans la majorité des cas.
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